Archives par mot-clé : MARGUERITTE DURAS

NUMÉRO 59

LES CHRONIQUES

Le Journal littéraire
Adrien Bosc
Journal presque vrai
La Pause
Alban Perinet et Jean-Baptiste Gendarme
Quatre romans de la rentrée littéraire 2018
Et moi, je vous en pose ?  Emmanuelle Pagano
Dix questions pour en savoir plus sur l’auteur
À vos idoles
Emmanuel Villin
Une lettre pour Christian Gailly
L’Interview imaginaire  Marguerite Duras
Une rencontre trouvillaise entre Arnaud Cathrine et l’auteur de L’Amant
Pour remonter le moral de l’auteur
Iegor Gran
Quelques conseils à suivre (ou pas)
Notes de bas de page & poils de chèvre 
Arthur Devriendt
Le sari indien : mode d’emploi
Posture (et imposture) de l’homme de lettres
Jean-François Kierzkowski
L’écrivain et son courrier

LA PANOPLIE LITTÉRAIRE

Homme de revues (il co-dirige toujours la revue Ligne de risque), auteur, entre autres, de Jan Karski (Gallimard), lauréat du Prix Médicis en 2017 avec Tiens ferme ta couronne (Gallimard), Yannick Haenel se plie au jeu de la Panoplie littéraire et nous ouvre les portes de son bureau.

Sans langue de bois, il raconte son enfance voyageuse, son adolescence dans un Prytanée Militaire, dresse l’inventaire des livres formateurs, évoque les auteurs qui le touchent et l’ont nourri.

LE DOSSIER THÉMATIQUE

« Les dessous de la dédicace »
Il est d’usage qu’un auteur dédie son livre à quelqu’un par
une dédicace imprimée, généralement en page impaire, placée à la tête de l’ouvrage. Il peut y avoir un nom, un prénom, ou quelques mots tendres, humoristiques, mystérieux. Que ce soit pour un proche, un ami, sa maîtresse ou son amant, à un autre auteur, un acteur, son animal de compagnie ou ses enfants, cette dédicace composée, que Gérard Genette considérait comme faisant partie intégrante de l’oeuvre, est bien souvent négligée par le lecteur, impatient de commencer sa lecture.
Dans ce nouveau dossier, dix écrivains passent en revue
leurs dédicaces et nous révèlent ce qui se cache derrière ce discret
hommage.
Blandine Rinkel,
David Foenkinos,
Éric Metzger,
Éric Neuhoff,
Frédéric Ciriez,
Jean-Philippe Blondel,
Julien Bouissoux,
Nathalie Kuperman,
Patrick Autréaux,
Vincent Almendros.

LA CRÉATION

Lise Charles
Voler est un acte de foi
Nouvelle illustrée par Floriane Ricard
Dominique Noguez
Tant bien que mal
Aphorismes illustrés par François Matton
Jérôme Leroy
Elle t’écrit
Poèmes illustrés par Émilie Alenda
Matthieu Rémy
Le plus jeune sous-préfet de France
Nouvelle illustrée par Elis Wilk
Raphaël Eymery
Mary Geli
Autopsie d’un dragon filiforme illustrée par Jean-Rémy Papleux

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LE JOUR OÙ J’AI EU LE PRIX GONCOURT… PAR DOMINIQUE NOGUEZ

Le jour où j’ai eu le prix Goncourt, je m’en souviens comme si c’était hier, il pleuvait comme vache qui pisse.

Le jour où j’ai eu le prix Goncourt, je l’ai refusé.

Le jour où j’ai eu le prix Goncourt, j’ai été si surpris que j’ai eu un infarctus.

Le jour où j’ai eu le prix Goncourt, c’est Patrick Rambaud qui a eu le Renaudot.

Le jour où j’ai eu le prix Goncourt, je me suis dit : « Hé ! comme Proust ! comme Malraux ! comme Mandiargues ! comme Duras ! »

Le jour où j’ai eu le prix Goncourt, je me suis dit : « Merde ! comme Léon Frapié ! comme André Savignon ! comme Ernest Pérochon ! comme Maurice Constantin-Weyer ! »

Le jour où j’ai eu le prix Goncourt, j’ai mangé des huîtres à deux heures du matin dans je ne sais plus quel boui-boui avec je ne sais plus quelle attachée de presse et j’ai été malade comme un cheval.

Le jour où j’ai eu le prix Goncourt, Huysmans était encore au jury.

Le jour où j’ai eu le prix Goncourt, j’ai remarqué sur l’aile de mon nez déjà rose et rond la petite veine violette qui allait contribuer à sa métamorphose définitive en nez d’ivrogne et me valoir cette exclamation de Jean-Pierre Mocky, le jour où, trois ans plus tard, la dèche revenue, je participais avec trente autres pékins à un casting pour le rôle de Landru : « Putain, prenons celui-là : il a une trogne ! »

Le jour où j’ai eu le prix Goncourt, j’ai planté sur mon balcon un nouveau pied de marijuana.

Le jour où j’ai eu le prix Goncourt, François Nourissier est mort à la fin du déjeuner chez Drouant.

Le jour où j’ai eu le prix Goncourt, j’ai pensé à la réflexion de Raymond Guérin en visite chez Gallimard le jour où Marius Grout, écrivain maison, venait d’obtenir le Goncourt 1944 : «  On dirait que celui-ci [le jury du prix] se plaît à se discréditer. »

Le jour où j’ai eu le prix Goncourt, ma femme m’a quitté.

Le jour où j’ai eu le prix Goncourt, quand il a annoncé le résultat, Armand Lanoux avait une trace de sperme sur sa braguette.

Le jour où j’ai eu le prix Goncourt, j’ai acheté sur Internet l’ancien château de Jean d’Ormesson.

Le jour où j’ai eu le prix Goncourt, j’ai décidé de ne plus écrire.

 


Dominique Noguez
Décapage numéro 26, 2005.