Feu de Maria Pourchet, Fayard, 2021

Depuis son premier roman – Avancer, 2012, Gallimard – nous suivons avec attention et enthousiasme le travail de Maria Pourchet. Nous avons déjà signalé dans nos pages son humour, son regard sur le monde, ses habiles constructions narratives, la fougue de ses phrases et ses trouvailles stylistiques. Ça n’aura échappé à personne, Maria Pourchet publie son nouveau roman dans cette rentrée littéraire (Feu, Fayard).

Une fois encore, c’est une très grande réussite. Sur une histoire apparemment banale, elle parvient, grâce à la flamboyance de son écriture, un véritable tour de force. L’histoire est simple, donc : Laure, professeur d’université, s’ennuie dans son couple et dans son rôle de mère. Elle est à un moment de sa vie où elle aurait bien envie de tout envoyer valser (40 ans). Elle rencontre Clément, 50 ans, célibataire, qui, lui, s’ennuie dans son boulot (la finance). Homme sans illusion, son quotidien est d’une morosité absolue – il vit avec un chien, prénommé Papa à qui il détaille ses journées et confie les élans de son cœur. Entre Laure et Clément va brûler une passion ardente. Clément prévient, provoquant : « Attention Laure, on peut tomber amoureuse comme on devient de droite, comme ils devenaient nazis. Par mégarde. Sur un malentendu, une histoire de cul au bon endroit, la sonate numéro 23 au bon moment. » Une simple question de désir ? De moment ? Une envie de se sentir vivant dans les yeux de l’autre, dans ses bras. Alors qu’elle retourne vers sa vie de famille après une après-midi d’amour, Laure s’étonne : « Tu ne peux pas croire que Clément, son Alfa encore à deux cents et sa main et ses lèvres ne se voient pas dans tes yeux. » Comment ne pas voir la passion qui consume Laure de l’intérieur ?

On lit ce roman comme on court pour échapper aux flammes, à bout de souffle. Les phrases cavalcadent, on imagine que les mots brûlaient les doigts de Maria Pourchet. Quand les scènes s’allongent, c’est aussi sublime qu’un voyage à Sienne avec sa maîtresse ou son amant (on n’a pas essayé). Autre moment de grâce : les rapports entre Laure et sa fille aînée, Véra, adolescente qui fait tout pour agacer son monde – en particulier sa mère qui a pourtant la tête ailleurs.

Grand coup de cœur pour ce coup de Feu !

Retrouver aussi Le Journal littéraire de Maria Pourchet dans le numéro à paraître en octobre.

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