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Stéphane Héaume, sœurs de sable (RIVAGE)

Bonheur à Portfou !

« Titre de chronique idéal pour Babou & the City » ironise Stéphane Héaume dans son roman (« Sœur de Sable », Rivages, 2021). Portfou ? Ne cherchez pas sur une carte (ni sur Instagram). Cette station balnéaire qu’on imagine facilement léchée par la mer Egée n’existe pas. Dommage. On aurait voulu croiser Elizabeth et Rose St Just, Amélia Lambertini…

Les sœurs St Just ne peuvent pas se supporter – classique. L’une est romancière sur le déclin et a hérité d’un hôtel en ruine – à Portfou, donc. L’autre, qu’on appelle plutôt Liz, est critique de mode – genre mondaine et nymphomane. Elle habite dans une villa, en face de l’hôtel. Ça se passe en 1958, à l’époque où des bandeaux saumons tiennent les cheveux des jeunes femmes quand elles font du voilier. Les sœurs se détestaient tellement que les mouettes s’en souviennent.

Et Amélia Lambertini ? On la retrouve en 2018, à Paris. Elle est journaliste pour « Babou & the City » (on y revient !). Elle rencontre Allan Grenn, compositeur de 95 ans, et décide de « redonner vie » à son passé – direction Portfou, donc. En avion ? Non : en zeppelin. Plus chic !

Stéphane Héaume aime surprendre, sans en avoir l’air. Il construit avec une habileté désarmante ce voyage dans le temps (et l’espace). On aime la délicatesse de ses phrases, sa mise en scène, sa petite musique – on le sait grand mélomane. On se laisse envoûter par sa prose délicate et sa mélancolie. Il a l’art de créer des mystères sous le soleil le plus écrasant.

En le lisant, on a envie de traverser des hôtels déserts. De se baigner dans une crique. De boire un cocktail en regardant le soleil se coucher dans une baie abandonnée au sable. (De voyager en dirigeable, aussi.) Dans les airs, Allan fait une confidence : « Ce voyage à Portfou ne me fait pas grimacer, il libère des souvenirs protégés, des parfums que j’avais mis sous clé, un visage, un sourire, le sourire d’une femme qui hante mes nuits et mes désirs enfouis… » Qui hante ses nuits ? On ne va pas tout vous dire. Allan, encore : « On est là pour s’amuser, non ? » Oui.

Cet été, osez la lecture !

A lire : Sœurs de Sable, Stéphane Héaume, Rivages, 2021.

Numéro 63

DÉCAPAGE 63

LES CHRONIQUES

Le Journal littéraire
Nathalie Kuperman
Un voyage dans le temps avec l’auteur de On était des poissons
Regards
#1.  6 septembre 2018 13
Une journée dans la vie d’Olivier Liron
#2. Pour le livre 20
Une exploration avec des chiffres et des lettres
d’Olivier Bessard-Banquy
La Pause
Alban Perinet et Jean-Baptiste Gendarme
Où l’on parle de quelques livres…
L’Interview imaginaire
Henri Calet
Une discussion optimiste avec le romancier réaliste des « sales petites vies »
Posture (et imposture) de l’homme de lettres
Jean-François Kierzkowski
Du sexe en littérature
L’Air Vilain
Philippe Vilain

Lire, dit-il

Thématique

Écrivains : vos carnets
s’il vous plaît !

Une plongée dans l’intimité de la création grâce à l’exploration des carnets d’écrivains.

Carole Fives
Clément Bénech
Clément Ribes
Colombe Boncenne
Éric Chevillard
Éric Laurrent
François-Henri Désérable
Jakuta Alikavazovic
Julia Kerninon
Patrick Goujon
Simon Roussin
Sylvain Prudhomme
Vincent Almendros

La Panoplie littéraire d’Yves Ravey

Discret et pudique, écrivain d’une vingtaine de livres aux Éditions de Minuit, il se prête au jeu de l’autoportrait et explore ses archives, sa bibliothèque, évoque son rapport à l’écriture et nous parle de son métier.

Création

Quentin Desauw
Une vieille histoire de famille
Une nouvelle illustrée par Marion Bucciarelli
Phil Guénin
La voix de Béatrice
Une nouvelle illustrée par Elise Jeanniot
Philippe Béon
Fallait le dire !
Des microfictions illustrées par Maya Brudieux
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Joyeux anniversaire, Gwendoline
Une nouvelle illustrée par Elis Wilk