Images

LE BUREAU DE FRÉDÉRIC BEIGBEDER

 

« Moi qui croyais avoir choisi un métier évitant d’aller au bureau, me voilà claustré durant des mois, parfois des années, face à un ordinateur portable (ici posé sur la table de la salle àmanger), ou allongé dans mon lit, ou dans ce fauteuil blanc, ou àGuethary devant un feu de cheminée, entouré de livres meilleurs que les miens. J’aime écrire entouré de bons livres, comme si leur génie allait déteindre. Je rêve que je vais être contaminé. »

Frédéric Beigbeder dans sa Panoplie Littéraire,
Décapage numéro 52.

LE BUREAU DE CHARLES JULIET

Au travail
« Quand je me mets au travail, je n’ai aucune manie, aucun rituel.
J’écris chaque après-midi et aussi le soir si j’en ai l’énergie. J’écris
lentement, laborieusement. La page écrite est tellement raturée
qu’elle en est illisible et que je dois la recopier parfois à deux ou
trois reprises. Il est arrivé qu’une page soit recopiée douze fois.
J’écris souvent dans ma tête au cours de mes insomnies ou
lorsque je marche dans les rues de Lyon ou sur les collines de
mon village. Je me tiens à l’écoute de cette voix silencieuse qui
parle en chacun de nous. Bien des poèmes m’ont été dictés et il
est arrivé parfois que je n’aie même aucun mot à retoucher.
Chaque matin, j’aime me rendre dans un café pour rêver ou
prendre des notes dans un carnet que j’ai toujours avec moi. En
fin d’après-midi, il me faut sortir pour me détendre. Je marche
au hasard en remâchant et corrigeant la page que je viens d’écrire
et que je sais par cœur. « 
CHARLES JULIET,
Extrait de La Panoplie littéraire – revue Décapage – numéro 48.

 

LE BUREAU DE JEAN ECHENOZ

« Je travaille là. Les pots à crayons viennent de quelques voyages
et le porte-lettres, au fond, du bureau de Jérôme Lindon. »

« J’ai beaucoup travaillé sur ce genre de cahiers cartonnés.
Je les achetais quelquefois à l’étranger mais le plus souvent chez
Lavrut, passage Choiseul. »

Images extraites de la Panoplie Littéraire de Jean Echenoz, numéro 41, Hiver-Printemps 2010.

« Excellente revue pleine de fantaisie » : Libération.

Décapage dans Libération

 

Que font les polices ?

Par Virginie Bloch-Lainé

Article à retrouvez ici.

La revue «Décapage» dans les coulisses des écrivains

Pour son numéro de rentrée, Décapage donne carte blanche à Jean-Philippe Toussaint. Qu’attendent de cette rubrique les fidèles lecteurs de cette excellente revue pleine de fantaisie ? Un tour dans les coulisses d’un écrivain, des anecdotes sur son adolescence, le nom des lieux qu’il aime, bref, un peu d’intimité et d’inédit. Avec Jean-Philippe Toussaint (lire ci-contre), le tour d’horizon est surtout visuel car il est aussi photographe, cinéaste et plasticien. Un extrait de son manifeste esthétique, l’Urgence et la Patience (Minuit, 2012), rappelle que ses lieux chéris sont Ostende et la Corse, et que Toussaint se punit en écrivant les premiers jets de son manuscrit dans la police Helvetica en simple interligne, avant de passer après corrections à une page aérée et au Times New Roman, la police digne d’être envoyée à son éditrice, Irène Lindon. Puis nous retrouvons des photos qui furent exposées au Louvre lorsque Toussaint y avait reçu une «carte blanche» en 2012, et qu’il y rendait un «hommage visuel au livre» : des jeunes gens décoiffés par le vent en tiennent un à la main.

D’autres écrivains de la rentrée littéraire figurent dans Décapage, particulièrement dans la rubrique consacrée à ces livres que l’on ne lit pas. Les écrivains, eux, lisent tout. Alice Zeniter confie : «J’ai été avertie par mon compagnon et les deux amis à qui j’ai donné le sujet proposé par Décapage que j’aurais l’air d’une pédante de premier ordre si je répondais une chose pareille.» Thomas Vinau écrit le témoignage le plus sombre de tous. Lui aussi ne laisse rien passer et cette tendance s’est accélérée à son entrée dans l’âge adulte : «Les choses ont pris une tournure conséquente lorsque ma mère est morte et que j’ai dû vivre seul dans notre pavillon rue des Abricots. Je me retrouvais seul à 19 ans avec un salon couleur cuir, un pavillon crépi dans les tons du fruit qui donnait son nom à la rue et la grande peine froide d’un être irrémédiablement seul dans l’univers.» Pierric Bailly achète trop de livres et les choisit un peu n’importe comment : «J’ai eu une courte période Thomas Bernhard et j’en ai acheté tout plein, mais je n’en ai lu que trois ou quatre.» Il a aussi acheté Dans mes yeux, de Johnny Hallyday et Amanda Sthers. Jamais ouvert. «Pourtant, je l’ai acheté avec l’intention de lire. Et pas pour me moquer ou quoi. J’avais vraiment envie de le lire, puis l’envie m’a passé.»

Nous retrouvons le duo Jean-Baptiste Gendarme et Alban Perinet pour quatre pages de bande dessinée autour, encore, des livres de la rentrée. Une femme qui a lu le Dossier M de Grégoire Bouillier (Flammarion) explique à un homme, sûrement un collègue de bureau puisqu’ils discutent à côté de la machine à café, à quel point cette autobiographie est formidable. Elle cite Bouillier : «Que retient-on d’un livre à notre niveau individuel ? Une ou deux phrases qui nous sautent soudain au visage, une ou deux phrases et c’est déjà bien beau ? Une ou deux phrases qui passent directement dans notre langage courant, pour ne pas dire dans nos veines ?»

Numéro 57

Le Journal littéraire
Vincent Delecroix
Un journal à lire avant la fin du monde
Regards
#1 Philippe Forest
Des conseils aux auteurs qui voudraient écrire sur des peintres
#2 Olivier Bessard-Banquy
Une brève étude historico-comparative de l’édition
L’Interview imaginaire
Henry Miller
Une conversation détonante avec Henry Miller
Et moi, je vous en pose des questions ?
François-Henri Désérable
Tout savoir sur l’auteur en moins d’une minute, montre en main
Pour remonter le moral de l’auteur
Iegor Gran
Quelques conseils pour ne pas sombrer dans la neurasthénie
Notes de bas de page & poils de chèvre
Arthur Devriendt
La chronique sens dessus dessous
Posture (et imposture) de l’homme de lettres
Jean-François Kierzkowski
Quand les auteurs s’engagent…
La Pause
Alban Perinet et Jean-Baptiste Gendarme

La thématique
« Ces livres qu’on ne lit pas »
Intéressons-nous aux livres que les écrivains ne lisent pas mais qu’on trouve quand même dans leurs rayonnages. Comment sont-ils arrivés là ? Cadeaux ? Achats compulsifs ? Promesse d’une lecture prochaine ? Et pourquoi les gardent-ils ?
Avec : Agnès Mathieu-Daudé, Alice Zeniter, Grégoire Polet,
Julia Kerninon, Lydie Salvayre, Maria Pourchet, Pierric Bailly,
Thomas Vinau, Valentin Retz…

La Panoplie Littéraire
Carte blanche à Jean-Philippe Toussaint

Création
Sara-Ànanda Fleury
Néon Bible
Nouvelle illustrée par Floriane Ricard
Steve Tesich
Mariage en dilettante
Nouvelle traduite de l’anglais (États-Unis) par Yoko Lacour
et illustrée par Elis Wilk
David Thomas
Mondialisation et autres textes
Microfictions illustrées par Maya Brudieux

LE BUREAU DE SERGE JONCOUR

le-bureau-2

Avant, il y avait deux catégories d’êtres. Ceux qui avaient un bureau. Et ceux qui n’en avaient pas. Alors qu’aujourd’hui, avec chacun son ordinateur, portable ou pas, on est tous un peu le petit bureaucrate de soi-même. Aujourd’hui, son bureau c’est ses genoux. Mais, pour formaliser la chose, j’ai un bureau fixe, et un bureau volant, pour étaler, disposer, des papiers, des plans, des manuscrits répandus. Mon bureau, celui où ça se passe vraiment, c’est plus qu’un bureau, c’est un abri. Un refuge. Une position retranchée derrière des remparts de livres, bien dérisoires murailles en apparence, mais éminemment dissuasives, tout ce qui y pénètre, venu de l’extérieur, est trié et servira ma cause… Un auteur est un fantassin assis. Assis la plupart du temps. Mais en dedans ça court… Écrire c’est prendre le risque de la phrase suivante, il faut être sûr de soi et se sentir fort pour avoir cette audace-là, pour prendre ce risque de s’en remettre à la phrase inconnue, la non encore surgie, la phrase qui est là, à l’ombre, en soi, prête à sortir, pour qu’elle sorte de sa position retranchée il faut qu’elle se sente en sécurité. J’ai identifié pour moi le risque, quand j’écris, le péril, mon péril, c’est de tourner en rond. Cela va bien à d’autres. Je suivrais Proust trois pages à longer une haie. Ou Butor. Ou Enard. Balzac tourne sacrément bien en rond par moments. Ce sont des épuiseurs d’espace. Moi ça ne me va pas. Il me faut propulser l’affaire dans du concret. De l’inattendu. Du surprenant.

Serge Joncour, dans le numéro 55.

ÉDITIONS FLAMMARION